Maybe not for Me... [Réservé^^]

Personne ne semblait être présent dans l'immense amphithéâtre. Normal, il n'y avait rien... Ce soir, Soukaïna avait loué la salle. Avec quel argent ? Celui de ses parents adoptifs... Elle n'avait pas eut de nouvelles et n'en avait pas donné depuis son arrivée à Little Rock. Cela doit faire un peu moins de six mois. Ca ne parait pas comme ça mais les jours passent vite. Très vite. Trop vite. Les choses arrivent et on a à peine le temps de les savourer qu'elles disparaissent comme un coup de vent. Essayez de garder un courant d'air.

Beaucoup de choses semblaient se révéler ephémères en ces temps. Les seules choses qui tenaient étaient la famille. Et encore ! Pas pour tout le monde, pas à toute les périodes de la vie. Non, pas toujours. Enfin, les parents de Soukaïna avaient ouvert un compte à son nom. Ils avaient donné toute leur fortune. Généreux penserez-vous, mais cela n'avait rien à voir avec la générosité... Assise sur un siège au milieu de la salle, la jeune fille tenait une lettre entre ses mains. Un accident. Un simple accident. Un accident qui avait beau être petit, il faisait tout de même très mal. Les larmes roulaient silencieusement sur les joues rougeâtres de la petite fouine.

Pourquoi... Elle avait tout pour plaire ! Un bel appartement, une soeur qu'elle adorait, des amis sur lesquels elle pouvait compter, un travail fixe et maintenant, de l'argent. Mais déjà qu'il se faisait rare, l'amour devint une perle rare. En venant à Little Rock, Soukaïna savait qu'elle avait ses parents adoptifs derrière elle. En Angleterre, loin d'elle, mais toujours avec un œil sur elle. mais à cause d'un simple accident de climatisation, voilà qu'ils ont rejoint le ciel. C'était vraiment bête. Tellement idiot que Soukaïna leur en avait voulut. Mais depuis toute l'après-midi où elle relisait cette lettre d'annonce, elle a finit par les pleurer plus que les gronder.

Ce soir, cette nuit, Souki avait loué la salle de concert pour elle toute seule. "Entrée Gratuite" était inscrit sur le panneau informatique à l'entrée mais elle ne voulait pas que les gens rentre. Elle voulait se sentir seule pour réaliser qu'elle avait perdu ce qu'elle avait de plus cher au monde après sa sœur jumelle. Ceux qui l'avait aidé à passer le cap de son père violent. Ceux qui l'avaient aimé comme leur propre fille. Ses parents... Ses larmes coulaient. Elle fixait la scène devant elle, en pleurant...

Une note, une seule. Grave et profonde. Pourtant, elle résonna à travers toute la salle. Un peu grâce aux énormes enceintes dispersées aux quatres coins de la salle, mais bon. Cette acquisition aurait dû rendre Morgan fou de joie. Eh bien non. Il n'arrivait pas à hurler sa joie d'avoir trouvé une nouvelle basse, plus belle et de meilleure qualité que son ancienne basse blanche. Celle-ci était rouge et noire, et le même dessin qu'il avait sur le bas du ventre était dessiné en bas de l'instrument. Il continua à jouer quelques notes, quelques accords mais la joie ne parvenait à moindre tant le remord et la tristesse enserrait la gorge du jeune homme.

Peut-être que ses états d'âme l'avaient rendu sourd .. Il n'entendait pas les sanglots qui secouaient la poitrine d'une jeune femme. Il murmura quelques paroles, le regard vide.

" If your heart bleeds
If you believe any more not at all
If the enjoyment leaves you
If you dream about happiness

Think of me
Think of me
Come to meet myself .."

Morgan n'avait jamais été très doué pour chanter. Dans son ancien groupe, il faisait seulement les choeurs. Mais sa voix n'était pas désagréable et il avait enfin appris - au prix de nombreux efforts - à ne plus chanter faux. Ses doigts formaient toujours des accords simples, d'accord. Mais n'était-ce pas la simplicité qui était la plus belle ?

Il se leva tout en continuant à jouer et alla sur la scène. Celle-ci était plongée dans l'ombre mais Morgan, en balayant la scène de son regard vert électrique, discerna une silhouette assise au troisième rang. Il plissa les yeux, essaya de reconnaître un visage familier. Et quand il réussit à voir les traits de la personne, ses mains s'arrêtèrent sur un dernier accord.

Des sons parvenaient et devenaient de plus en plus proches. Mais elle ne pensa pas un instant que cela puisse être quelqu'un qui jouait. Sanglotant dans son coin, Soukaïna pensait rêver de cet air monotone et doux comme la caresse de la brise matinale tombant sur des champs de fleurs sauvages. Elle ferma les yeux un instant, laissant échapper une nouvelle larme chargée de tristesse et de tant d'autres mauvais sentiments qui l'avaient envahis pour la soirée.

Un jeune homme monta sur la scène tout en continuant à jouer. Souk' ouvrit les yeux embrumés par ses larmes chaudes qui emplissaient son regard vide d'émotions. Elle regarda la scène. Elle voyait flou mais put reconnaitre que le son provenait de l'instrument que la personne tenait en ses mains. La musique s'arrêta. Immobile, Soukaïna pensa faire une hallucination. Etait-ce véritablement lui ? Non, une illusion, juste une simple illusion...

Un rêve, un idéal trouvé mais toujours pas atteint. Il ne sera jamais atteint. Il pense ne pas la mériter comme elle pense ne pas le mériter. Estimant avoir assez de choses auxquelles penser, Soukaïna se leva. Elle ne voulait pas s'attarder sur ce mirage qu'était de voir Morgan jouer face à elle. La jeune fille se dirigea vers la sortie, sa lettre à la main. Les illusions ne bougent pas. Elles restent inaccessibles. Alors pourquoi s'arrêta-t-elle devant la porte, pensant que cette vision du jeune homme allait la rattraper ? Elle pensait que c'était la seule chose à laquelle elle pouvait encore se rattacher... L'amour convoité...

Morgan la regarda s'éloigner, une lettre à la main. Elle pleurait. Ces larmes qu'il aimerait tant sécher sur les joues qu'il aimerait tant caresser lui enserraient le coeur dans un étau de fer. Il restait sur scène, incapable de bouger, incapable de réagir, incapable d'aimer. Il enleva machinalement son jack, qui tomba par terre. Elle s'était arrêtée près de la porte. Etait-il seulement assez courageux pour cela ? Son coeur lui hurlait de courir, de la rattraper, de lui dire qu'il devenait complètement barjo sans elle mais .. il semblait que la cervelle de Morgan n'était plus qu'un énorme tas de gelée, informe et inutile.

Sans comprendre réellement ce qu'il faisait, il fit pivoter sa guitare, de manière à ce qu'elle se retrouve dans son dos. Il coura jusqu'au devant de la scène, sauta en bas de celle-ci et poursuivit sa course jusqu'à Souk', qui était en train d'appuyer sur la poignée. Sa main attrapa le bras de la jeune fille et le tira vigoureusement, l'obligeant à faire demi-tour.

Regard vert contre regard gris. Morgan approcha doucement son visage de celui de sa belle. Il sentait que ses poumons étaient en train de brûler, quelque part dans sa poitrine. Le souffle de Souk' caressait le visage du jeune homme. Il effleura les lèvres des siennes.
Pas besoin de faire un dessin, Morgan embrassa Souk'. Mais .. il sentait au fond de lui .. que ce baiser était .. différent. Il en avait envie et peur depuis longtemps déjà. Son corps était parcouru de fourmillement, agréables et désagréables à la fois. Il en voulait encore et il voulait arrêter en même temps. L'amour est le temps des contradictions, des doutes. Il prit doucement le visage de Souk' entre ses mains pendant qu'il l'embrassait, geste qui était peut-être insuflé par les frissons qui parcourait le dos et la nuque. Sa main droite glissa et ses doigts se mêlèrent aux cheveux de fouine, dont il adorait l'odeur même si la recette du shampoing était un peu bizarre. Doucement, Morgan mit fin à se baiser. Les bonnes choses ont toutes une fin, malheureusement. Il resta un peu près d'elle, son front appuyé contre le sien. Il avait la gorge nouée et la poitrine comme emprisonnée dans la main d'un géant.

Quelques instants plus tard, Morgan tourna à nouveau les talons, sans réellement saisir qu'il s'était penché sur ses lèvres et l'avait embrassée. Il bouillonait et avait besoin de faire quelque chose de ses mains. De cogner dans quelque chose, dans quelqu'un. De passer sa mauvaise humeur sur une personne apeurée. Il jetta un coup d'oeil à sa basse. Dommage qu'il l'aimait bien. Sinon, il l'aurait déjà fracassée sur la scène.

C'était une illusion. L'illusion ne venait pas. Elle ne parvenait pas jusqu'à elle. Inutile de s'attarder longtemps devant cette porte. Soukaïna posa sa main sur la poignée métallisée. Mais elle n'eut guère le temps de l'abaisser qu'il était là. Elle sentit son souffle s'arrêter. Sa peau frémît lorsqu'il lui fit faire demi-tour. Ses larmes s'arrêtèrent. C'était bien lui, elle sentait sa peau, son souffle, elle pouvait lire dans ses yeux. Se regardant tout les deux, elle ne fit pas attention à l'approche dangereuse de leurs visages.

Souk' ne savait plus. Elle ne comprenait plus. Son cœur palpitait jusqu'à ce que leurs lèvres s'effleurent. D'une caresse, elles allèrent les unes contre les autres. Elle frissonnait de toutes parts mais d'un autre point de vue, elle se sentait soulagée, libérée. Depuis tout ce tant où elle attendait cet instant, ce baisé, elle avait faillit à se convaincre que de toute façon, il n'était pas pour elle. La jeune fille aurait même espéré qu'il se trouve une miss à aimer pour qu'elle puisse lui souhaiter tout le bonheur du monde. Elle se serait torturée toute sa vie ainsi. En cette nuit, elle ne pensait même pas à lui. C'est pour dire, ce baisé, ce soir, était un rêve qu'elle n'avait même pas fait.

Ce qu'elle ne pouvait pas calculer l'effrayait. Soukaïna détestait ne pas dominer sa vie. Depuis les misères de son père, elle s'est toujours promise de maitriser sa vie. La routine, c'était tout ce qu'elle désirait. L'amour, désirer l'amour, c'était quelque chose que l'on pouvait contrôler. Vivre l'amour, c'était se livrer à l'inconnu, briser tout ce qu'il y a de banal à la rencontre de l'être convoité. Elle avait peur de ce qui pouvait arriver. Tellement peur... Peur d'être perdue, peur d'être dépendante, peur d'être roulée, peur d'être blessée. Peut-être même que les violences qu'elle avait subit dans son enfance n'étaient rien contrairement à l'amour...

Les yeux fermés, les lèvres contre les siennes, c'était magique dans toutes les peurs que cela engendrait. Il posa délicatement ses mains sur le visage de la jeune fouine, les passa dans ses cheveux. Elle, elle laissa tomber sa lettre pour laisser ses mains parcourir le dos de Morgan. Elle se sentait si bien dans ses bras ! Le baisé s'arrêta. Mais bien qu'elle pensait ne plus jamais vivre ça, que ce n'était qu'une marque pour la consoler, elle savait que quelque chose de nouveau était né en elle. Maintenant, elle était convaincue d'une chose : elle l'aimait. Elle aimait Morgan. Réciproque ou non, pour ou contre son gré, elle l'aimait et ne pouvait le nier. Plus maintenant.

Soukaïna sentait son cœur imploser dans sa poitrine. Son front contre celui du jeune homme, elle garda ses yeux fermés. Elle savourait ces frissons qui la parcourait au contact de sa peau contre la sienne. Mais elle savait que Morgan était intouchable, ou plutôt qu'il tenait beaucoup à le rester. Elle n'a jamais sut pourquoi et ne cherche pas à le savoir. Chacun a vécut une vie qui donne certains comportements différents par rapport à la généralité et parfois peu compréhensible. Il s'éloigna, regardant sa basse sur scène. Elle sentait qu'il était énervé. Elle sentait aussi qu'elle ferait mieux de passer à autre chose pour ce soir.

Citation :: Mademoiselle Verginkel,

Monsieur et Madame Bowell, ayant rédigé une demande de suppression des droits d'héritage vis à vis de leur fils unique, tous les biens monétaires et matériels vous ont été légué dés leur décès provoqué par une intoxication lié à un dysfonctionnement de leur appareil de climatisation.

Nous vous adressons nos sincères condoléances et vous prions de décidé de l'utilisation de votre héritage avec un notaire.

Sa lettre resta par terre tandis que Soukaïna décida de sortir. D'un pas lent et peu sûr, elle se dirigeait vers la sortie. Ses larmes recommencèrent à rouler sur ses joues pâles. Mais une autre peine venait de s'ajouter... Morgan...

*Je t'aime...*

Et c'est là ..
Morgan comprit en l'espace de quelques secondes ce qui lui arrivait. C'était omme un long tunnel noir dans lequel il était et il apercevait enfin la lumière et l'air libre. Son coeur n'avait jamais cogné aussi vite et aussi fort. Sa poitrine s'était transformée en boîte de nuit. C'était alors ça .. Tous ses anciens copains avaient au moins dit une voix que cette chose là était merveilleuse. Et qu'elle valait bien toutes les enguelades du monde. Morgan tremblait, il lui semblait qu'il était heureux. Accrochez-vous bien. Car c'est ici que la vie de Morgan prend un sacré tournant. Lui, le drageur, la "bête de sexe", le briseur de coeur, l'insensible, l'enfoiré .. Et bien, vous allez avoir du mal à y croire - autant que lui - mais, oui, c'est vrai : le Morgan-sans-coeur est fou amoureux d'une fouine. Pour lui, c'était un peu comme si on venait de lui dire qu'il n'était pas si affreux que ça. Lui qui le croyait tellement ..

* Si tu la rattrappes pas, t'es vraiment un abruti. Mais abruti bien comme il faut.*

Il posa alors précipitament sa basse, qu'il avait toujours dans le dos, l'envoyant valdinguer un peu brusquement et tant pis pour les éraflures. Une basse, ça s'achète et ça se remplace, une Souk', non. Il décida de se calmer un peu. Ben oui, qu'allait dire Souk' si un hippopotame ambulant lui sautait dessus, comme ça ?! Il marcha alors jusqu'à l'entrée et s'apprêtait à sortir, mais un papier sur le sol attira son regard. Il le déplia et lut. Mademoiselle Verkingel .. Ca ne pouvait être que Souk', ou alors Welo' mais .. si ça avait été adressé à Welesta, Morgan l'aurait trouvée ici, pas Souk' .. Il poursuivit sa lecture.

* Oh p*tain, Souk' .. Ma Souk' ..*

Il continua d'observer le papier quelques instants d'un regard vague. Bizzarement, il eut peur. Il ne connaissait pas assez bien Souk' pour savoir si .. Il lâcha la lettre et fonça sur la porte, qui s'ouvrit à la volée. Il sembla à Morgan qu'il pleuvait, dehors. Mais c'était à peine s'il sentait les grosses gouttes s'abattre sur lui et tremper ses vêtements. Une seule chose l'obsèdait : la petite silhouette sombre qui continuait de marcher sous la pluie battante. Il se mit à courir comme il n'avait jamais couru. C'était une course dans laquelle il mettait sa vie en jeu. Sa survie dépendrait du résultat. Ses muscles lui faisaient mal, il avait la gorge et les poumons en feu et pire encore, il lui semblait que malgré ses efforts pour la rattraper, la petite silhouette restait toujours à la même distance, hors de portée .. Des larmes, les premières qu'il versait en tant qu'adulte, vinrent perler à ses yeux.

* Non, il faut que j'y arrive, il faut que je la rattrape .. Vite ...*

Il accèléra encore, malgré la sensation douloureuse d'être dans un four. Il avait l'impression que le temps était suspendu, que ses foulées étaient ralenties, alors que son cerveau tournait à plein régime.

* Souk' .. Souk' .. Souk' .. Souk' ...*

"- Souk' !"
Sa voix déchira la nuit qui les entourait. Il avait eut l'impression qu'il n'avait que murmuré son prénom, alors qu'il avait hurlé de toutes ses forces. Elle ne se retournera pas, elle n'attendra pas .. A quoi bon ? Morgan tomba à genoux dans une flaque. La tête lui tournait, il n'arrivait presque plus à respirer .. Il se sentait nul, inutile, vide. Ses genoux saignaient d'avoir rencontré le bitume aussi brusquement. Mais c'était à peine s'il ressentait la douleur. Il baissa la tête. La course était finie, il avait perdu.

Soukaïna allait sans se poser de questions. Elle restait figée dans ses pensées qui la hantaient. La porte passée, elle traversa la grande avenue et là, elle entendit son nom. Enfin... Son surnom qu'une seule personne au monde utilisait : Morgan criait Souk' dans toute la rue. Elle croyait là aussi à une hallucination comme dernier recours au désespoir mais lorsqu'elle se retourna, elle le vit, là, par terre dans l'eau. Soukaïna ne s'était même pas rendue compte qu'il pleuvait. Ses larmes se fondaient parfaitement aux gouttes qui ruisselaient le long de ses joues rouges de tristesse.

Un moment d'hésitation. Méritait-elle d'être dans les bras de Morgan ? Peut-être pas... En tout cas, il ne méritait pas d'être à genoux dans l'eau à une heure pareille. Elle essayait de répondre à ces questions mais cela prenait du temps ne serait-ce que de penser à lui. Soukaïna décida alors de foncer sans réfléchir. Peut-être qu'elle se trompe mais elle, elle voulait y croire. Avec la perte de ses parents, elle n'avait finalement qu'une envie : croire en ses proches, ceux qui l'accompagnaient chaque jours, ceux pour qui elle souriait même lorsqu'elle avait mal, surtout lorsqu'elle était mal. C'est alors que sans regarder autour d'elle, Soukaïna traversa l'avenue une seconde fois pour rejoindre Morgan. Elle aurait dût regarder... Cela lui aurait permit de ne pas avoir à rester figée devant le bruit crissant des freins usés sur le bitume mouillé. Cette voiture, elle aurait dût la voir, l'entendre. Mais tout ce qu'elle put faire c'est ressentir le choc contre son corps. Elle se senti voler sur la voiture et retomber par terre. Oui, c'était vraiment le moment pour se faire renverser par une voiture... [<= je suis trop sadique XDDDDD] La voiture s'arrêta. Elle, elle était déjà par terre derrière le véhicule. Soukaïna tenta de se lever lorsqu'il y eut un attroupement autour d'elle. La jeune fille regarda dans la foule brièvement. Elle voulait voir Morgan, apercevoir son regard si apaisant bien que dur.

- Morgan... Morgan...Je t'aime... Murmura-t-elle en se laissant retomber sur la route.

Elle entendait dans un flou ces gens qui lui demandaient si elle allait bien. Ils criaient d'appeler une ambulance et retenaient la foule. Mais tout ce que voulait Soukaïna, c'est d'entendre la voix de Morgan... Tombant dans l'inconscience peu à peu, elle repensait à ce jour où le jeune homme lui avait apprit à faire des ricochets, cette fois encore, lors de leur rencontre, où il l'avait serré dans ses bras parce qu'il avait, avec elle, put apercevoir une seconde fois sa lumière verte à l'horizon. Ces moments passés avec lui et Welesta, mais entre ces souvenirs s'incrustaient des images des moments qu'elle avait passé avec ses parents. Mais finalement, Souk' pensait ne pas être faite pour être avec les autres. Toutes les personnes qu'elle avait aimé souffraient ou la faisaient souffrir. Son père, sa mère, les éducateurs à l'orphelinat, Ronya, Welesta, Morgan... Tout ce monde avait plus ou moins souffert à cause de Soukaïna et d'autres la faisaient souffrir. Peut-être n'était-elle pas faite pour aimer et être aimée... C'est bien ce qu'elle pensait derrière ses sourires.

Le crissement de pneu fit à peine relever la tête à Morgan. Un groupe de gens se rassembla autour d'un corps. Tout cela était bien loin de Morgan. Il avait perdu, il avait perdu Souk'. A tout jamais. Il ne voyait plus que son visage, flottant dans son esprit comme un doux rêve qu'il ne ferait même plus. Quelques bribes des paroles des badauds virent à ses oreilles. Ambulance .. Secours .. Morgan n'y attachait que très peu d'importance .. jusqu'à ce que la vue d'une mèche de cheveux bleue lui fit l'effet d'une gifle violente. Il se releva, trébucha et beugla de toute ses forces en se précipitant vers le groupe de personne.

"NOOOON !!"

Il bouscula les personnes qui formaient un cercle très serré autour d'elle en les injuriant très vulgairement. Il vit son corps étendu, inerte. Morgan s'agenouilla à ses côtés et caressa sa joue froide et blême.

"- Souk' ... Souk' .. Reviens .. Reviens, Souk' .. Ne me laisse pas .. Ne pars pas .. Tu n'as pas le droit de me faire ça .. Pas maintenant .. Tu .. Tu m'a appris des choses .. que personne n'a pu m'apprendre .. Souk' .. Est-ce que tu te rends compte que tu m'a appris à aimer ?"

Mais les efforts de Morgan semblaient vain, la jeune fille semblait perdre peu à peu conscience. Le jeune homme tremblait de tout son corps, la seule pensée de ne plus jamais l'entendre, la regarder, la toucher, le faisait mourir lui-même à petit feu. Il approcha son visage de celui de Soukaïna et déposa sur ses lèvres pâles un baiser fragile, tremblant. Il releva la tête vers ceux qui l'observaient et qui devaient se dire que pour une fois, c'était l'homme qui pleurait sur le corps de sa bien-aimée et pas l'inverse.

"- Une ambulance ! Mais grouillez-vous quoi ?! Vous voyez pas qu'elle va mourir !
- Les secours ont déjà été prévenus, Monsieur.
- Mais qu'est-ce qu'ils foutent alors ?! Ils savent pas conduire ou quoi ?!" rugit Morgan, au comble du désespoir.

Il se pencha une nouvelle fois sur Souk', lui murmura encore de rester avec lui, regarda son visage. Il entendit à peine la sirène des secours et il était dans un état second lorsqu'il vit les secouristes prendre le corps de Souk' pour le mettre dans une civière.

"- Je peux venir ?" s'est entendu demander Morgan d'une petite voix naïve.

Après avoir vu l'un des hommes lui affirmer que oui, d'un geste de la tête, il se retrouva à l'intérieur de l'ambulance avec Souk'.
Il prit délicatement sa main dans la sienne,la porta à ses lèvres et lui caressa le dos de la main du pouce.

[Je fais la suite à l'hôpital]